Chah Ismaïl Ier (Ardabil 17 juillet 1487- Tabriz 23 mai 1524) est le fondateur de la dynastie des Séfévides qui régna sur la Perse entre 1599 et 1722.
L'origine de la dynastie
Chah Ismail se considérait
Seyyid, plus exactement descendant de l'
imam Musa Kazim. Le nom de la dynastie vient du cheikh
Safi al-Din Ardabili (
1252-
1334), chef spirituel et maître
soufi de la ville d'
Ardabil dans l'actuelle
Province d'Ardabil en
Iran.
En fait Cheikh Safi al-Din descend de Firuzshah, un turc d'Asie centrale, qui aurait immigré en Azerbaïdjan au XIIe siècle. Cheikh Safi al-Din était très influent en Azerbaïdjan et aussi sur Rachid al-din, le grand vizir de Oldjaytu, le petit fils de Houlagou Khan.
Avec Sultan Ali, son petit fils, l'influence de la confrérie dépasse les frontières de l'Azerbaïdjan et se propage en Anatolie et au Khorasan, les fidèles sont appelé Qizilbash en raison de leur bonnet de couleur rouge à 12 plis (symbolisant les 12 imams). L'arrière petit-fils, Haydar, épousa la fille du Chah Uzun Hasan Akkoyunlu (1441-1478), qui lui donnera en 1487 un fils Ismail, le futur fondateur des Séfévides.
Les Cheikhs soufi Séfévides sont :
- Safi al-Din (1252-1335)
- Sadr al-Din (1312-1392)
- Khodja Ali (1392-1429)
- Ibrahim (1429-1448)
- Djunayt (1448-1460)
- Haydar (1460-1487)
- Ismail (1487-1524)
Le Chah
Inquiet de la puissance et de la popularité montante de Djunayt, le petit-fils de Khodja Ali, les souverains Akkoyunlu les chassent d'Ardabil. En
1500, un
Qurultay (réunion des armées) est organisé à
Erzincan, ville d'Anatolie de l'Est. Là se réunissent les tribus turques d'
Anatolie et d'
Azerbaïdjan:
Shamlu, Ustadjlu, Tekelü, Dzulqadir, Çepni, Rumlu, Varsak, Bayats, Qadjars, Karamanlu, Afshars, Karadaĝlu etc.
Au printemps 1501, Ismail revient en force à la tête de son armée, défait les armées du dernier Souverain Akkoyunlu, et se fait couronner Chah à Tabriz, Capitale d'Azerbaïdjan, son pays natal.
Après la Bataille les Qizilbashs sont rejoints par les Akkoyunlus et Karakoyunlus d'Azerbaïdjan qui formeront la tribu « Turkmen » qui jouera un rôle important par la suite.
Lorsque Ismail s'empare de Tabriz, puis se fait couronner Shah, il déclare le chiisme religion d'état.
Les conquêtes
De 1503 à 1508, Chah Ismail I fait la conquête de l'Iran central (1503), des provinces du sud de la
Caspienne(1504) et de l'Irak (1505-1508).
En 1506, les Ouzbeks anéantissent les derniers Timourides et menacent les Séfévides qui décident de marcher contre eux. La rencontre à lieu à Merv en 1510 et c'est une victoire totale, le Khorasan revient aux séfévides.
Inquiet des victoires de Chah Ismail, Sélim, le sultan ottoman prend des mesures drastiques notamment en massacrant 40000 Qizilbashs dans l'Empire ottoman. La rencontre à lieu le 23 août 1514 à Tchaldiran : les Ottomans écrasent - grâce à leur Artillerie lourde - l'armée Séfévide. Mais ils doivent s'arrêter là : Chah Ismail les force à retourner en Anatolie, et ils abandonnent d'ailleurs leur artillerie à Tabriz.
Après cette bataille, Chah Ismail se décide à renforcer son Empire qui allait de l'Euphrate à l'Amou Darya. Il meurt le 23 mai 1524 en Azerbaïdjan.
L'empire
L'
Empire fondé par Chah Ismail était appelé
Qizilbash memleketi, le pays des Qizilbashs, du nom des tribus turques qui l'avaient amené au pouvoir. Il était aussi appelé
Qizilbash-Média par certains
Européens car après les
Mèdes c'était la seconde fois que se formait un empire ayant pour centre l'
Azerbaïdjan.
Le poète
Shah Ismail a également pratiqué l'art de la
Poésie tout au long de sa vie. Il signait ses poèmes sous le nom de
Khatai. Khatai a renouvelé les thèmes traditionnels du
Lyrisme turc. Les accents très personnels sur la bravoure, sur les martyrs et les combattants de la
Foi lui ont value un grand renom. En plus de son «
Divan », on lui doit un long poème épique «
Dehname » et un mesnevi philosophique «
Nasihatname ».
L'extrait suivant, tiré de l'art du saz de Jean During, montre l'impact du personnage dans la culture azerbaïdjanaise :
« ...Chah Ismail était aussi un excellent instrumentiste et surtout il nous a laissé de nombreux poèmes mystiques qui sont les chefs-d'oeuvre de la langue turque. Son concept de nation azerbajanaise servit aussi l'art des ashiks, bardes azerbaïdjanais. Sous son régne les formes poétiques bayati, gerayli, varsaĝi, qoshma, divani, mokhamma, ainsi que les répertoire des mélodies de saz, les régle de narration des dastan et le système sémantique des récits épiques et lyriques parvinrent à leur forme parfaite. ...Dans un de ses poème, Chah Ismail évoque sa passion pour le luth : - un jour, de mon saz je n'ai pas joué
- le lendemain ma voix était nouée
- Il y'a quatre chose indispensables à tout homme
- Le savoir et les bonnes manières, le souffle et un instrument..." »
Chah Ismail aime à s'entourer des gens de Poésie notamment Süruri, Şahi, Matəmi, Tüfeyli, Qasımi et Həbibi.
Le mécène
Chah Ismail est aussi un grand
Mécène. À sa cour sont réunis les plus grands miniaturistes du monde
Islamique notamment Kemaleddin
Behzad, Sultan Mehemmed Tabrizi, Shah Mahmud Nishaburi etc. Ces maîtres donneront naissance à l'école de
Tabriz qui formera des miniaturistes talentieux notamment Mir
Əli X
əttat, Mir Seyyid Ali Müs
əvvir, Sadiq bey Afshar (aussi grand écrivain) et Agha Mir
ək Khan (aussi grand
Architecte).
Liens externes